Georg-Friederich Händel (1685-1759)
Figure marquante du baroque et du classicisme européens, le compositeur, né la même année que Jean-Sébastien Bach et Domenico Scarlatti, fut le maître incontesté de l'opéra et de l'oratorio anglais. Son oeuvre, particulièrement expressive, appartient à la dernière phase des recherches musicales entreprises depuis la Renaissance.
Né sans la ville allemande de Halle en 1685, Handel étudie brièvement à l'université de sa ville natale avant de se déplacer vers Hambourg en 1703. Là-bas, il devient violoniste et un peu plus tard claveciniste et même compositeur. De 1706 à 1710, il se réfugie en Italie où il perfectionne sa maîtrise du style musical italien. Nommé «Kapellmeister» par l'Électeur de Hanovre, le futur George 1er d'Angleterre, il visite Londres où il compose le premier opéra londonien à l'italienne, Rinaldo, en 1710. Deux ans plus tard, il décide de s'installer dans la capitale anglaise. Il apprécie la protection que lui offre l'aristocratie et le roi et se consacre jusque dans les années 1740 à la composition d'opéra à l'italienne avec plus ou moins de succès. Il atteint le sommet de sa gloire en développant un nouveau style, l'oratorio anglais, qui combine avec bonheur l'opéra à l'italienne, en donnant un rôle accru aux choeurs, à une mise en scène généralement simple, anglophone et ayant pour base des thèmes religieux... bref, tous les éléments pour attirer les sensibilités des protestants anglais. A Londres, il gagne une grande notoriété et exerce une influence qui a tendance à donner de l'ombre aux accomplissements de ses contemporains et successeurs immédiats. Il meurt à Londres en 1759 et est enterré dans l'Abbaye de Westminster en présence de plus de 3000 personnes.
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Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
Créateur de la forme du concerto pour clavier et de la musique de chambre moderne, où chaque instrument est désormais d'égale importance, Bach a porté à la perfection toutes les formes de la musique de son temps, à l'exception de l'opéra. Son oeuvre se situe à une époque charnière entre le baroque du XVIIième siècle et la grande période classique qui s'ouvre avec la seconde moitié du XVIIIième siècle : Clavier bien tempéré (1722-1744), six Concertos brandebourgeois (1721), Passion selon saint Jean (1722), Passion selon saint Matthieu (1729), Messe en «si» mineur (1732, 1737, 1749), Oratorio de Noël (1734).
Bach n'a rien du musicien au génie sombre et tourmenté popularisé par le romantisme. L'image qu'il a laissée est celle d'un bon artisan qui, dans la longue patience d'un travail de chaque jour, se trouve avoir produit, au terme d'une vie réglée, une oeuvre multiforme qui résume la musique. Cette créativité, disciplinée et continue, est au fond plus impressionnante que les fulgurances d'un artiste inspiré. C'est ce que pensait Beethoven qui, jouant sur le nom de Bach (qui veut dire, en allemand, « ruisseau »), estimait que Meer (la mer) aurait mieux convenu à la majesté et à l'ampleur de son génie. Quant à Goethe, Bach évoquait pour lui l'esprit même de Dieu planant sur les eaux avant la Création.
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Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
La musique française reconnaît aujourd'hui en Jean-Philippe Rameau, compositeur et théoricien, l'un de ses plus grands maîtres. Notre conception des accords eût été différente et sans aucun doute incomplète sans son «Traité de l'harmonie» qu'il publia en 1722. Dernier et illustre fleuron de l'art musical de Versailles, Rameau outrepasse néanmoins ce cadre par l'universalité de son génie. La perfection de sa musique dramatique parle à tout homme la langue ancienne et cependant familière des oeuvres intemporelles.
Pour mieux comprendre Rameau, voici comment Diderot le décrit à son époque: "[...] ce musicien célèbre qui nous a délivré du plaint chant (note du webmestre : chant médiéval à une voix) de Lulli que nous psalmodions depuis plus de cent ans; qui a tant écrit de visions inintelligibles et de vérités apocalyptiques sur la théorie de la musique, où ni lui ni personne n'entendit jamais rien, et de qui nous avons un certain nombre d'opéras où il y a de l'harmonie, des bouts de chants, des idées décousues, du fracas, des vols, des triomphes, des lances, des gloires, des murmures, des victoires à perte d'haleine; des airs de danse qui dureront éternellement, et qui, après avoir enterré le Florentin (n.d.w.: référence à Lully) sera enterré par les virtuoses italiens, ce qu'il pressentait et le rendait sombre, triste, hargneux; car personne n'a autant d'humeur, pas même une jolie femme qui se lève avec un bouton sur le nez, qu'un auteur menacé de survivre à sa réputation[...]" (Extrait de «Le Neveu de Rameau», Diderot, 1761-82).
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