Connu pour la première fois en 1397 sous le nom de clavicymbalum, il s'appelle harpsichord en anglais, kielflügel ou cembalo en allemand, et clavicembalo en italien. Le clavecin, comme le luth ou la harpe, est un instrument à cordes pincées (le terme anglais harpsichord souligne d'ailleurs bien mieux ce lien).
Traditionnellement, le clavecin a la forme d'une aile, comme le piano à queue, mais il est plus étroit et de structure plus légère. Certains instruments, apparentés au clavecin, revêtent des aspects différents : le virginal, très utilisé en Angleterre aux XVième et XVIième siècles, est un petit instrument rectangulaire que l'on pose sur une table. L'épinette, surtout pratiquée en France et en Italie, est un petit clavecin doté d'un corps quadrangulaire de petite taille. Enfin, le clavicythérium est muni d'une caisse de résonance verticale.
Quelle que soit leur forme, tous les clavecins ont le même mécanisme. Comme on le voit sur la gravure de droite (tirée de l'encyclopédie Diderot et d'Alembert, 1751), chaque touche du clavier est en réalité un levier posé à l'horizontale, actionnant un sautereau à la verticale. Une languette dépasse du sautereau: c'est le plectre qui sert à pincer la corde lorsque l'on appuie sur une touche (le plectre et le sautereau sont montrés en gros plan dans le coin inférieur droit de la gravure). Lorsque la touche est relâchée, un tout petit bout de feutre, appelé étouffoir, vient se reposer sur la corde pour en arrêter la vibration. Tant qu'on ne relâche pas la touche, la corde continue de vibrer et c'est en maintenant enfoncées certaines touches, donc en laissant vibrer certaines cordes (vibrations sympathiques) que le claveciniste peut créer un legato, voire un crescendo, et véritablement faire chanter son instrument. Il faut aussi ajouter qu'un mécanisme permet au bec de faire un mouvement de recul pour empêcher que la corde soit de nouveau accrochée lorsque le sautereau redescend.
Au début, il ne comptait qu'une corde par note, une seconde corde a ensuite été ajoutée, à l'unisson ou à l'octave, ce qui permit l'apparition de nouveaux jeux que l'on peut désactiver. Comme pour l'orgue, l'arrangement des jeux est appelé disposition. Un grand clavecin peut compter jusqu'à quatre jeux. Le jeu de base, de huit pieds de long, est appelé cymbalum. En général, on trouve, en plus du cymbalum, un second jeu de huit pieds à l'unisson, l'unisonus, ainsi qu'un jeu de quatre pieds, la spinetta, qui joue une octave plus haut. À ces trois jeux s'ajoute parfois un grand jeu de 16 pieds, le bourdon, qui, lui, sonne une octave plus bas.
Certains clavecins possèdent deux claviers superposés, présentant chacun une couleur de son différente: celui du bas est le plus fort, alors que celui du haut ("petit jeu") est plus délicat. On peut les accoupler, donc joindre l'action du clavier supérieur à celle du clavier inférieur sur lequel on joue en poussant le clavier supérieur vers le fond ce qui permet aux touches du bas d'actionner également les leviers du haut. Afin de mieux comprendre cette subtilité, je vous propose d'écouter les morceaux suivants qui ne sont autres que le 1ier prélude du clavier bien tempéré de Bach mais joués successivement avec le grand jeu, le petit jeu et finalement les deux jeux en même temps:
Il existe 5 grandes écoles de facture de clavecin, chacune ayant ses particularités.
L'école italienne est caractérisée par l'utilisation de matériaux de faible épaisseur, d'où une certaine légèreté des instruments. Il compte généralement un seul clavier, deux jeux de huit pieds et parfois des octaves courtes. La chose la plus remarquable est l'application de la règle de la juste proportion: la corde voit sa longueur doublée toutes les octaves.
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